La force de l’histoire tient beaucoup à la composition magnifique de Rosy McEwen qui exprime une espèce de calme, une grande quiétude quoiqu’il se passe, y compris quand elle doit trahir l’élève pour sauver son job. Par cette attitude, sa soudaine lâcheté, Jean exprime bien les difficiles combats des lesbiennes dans l’Angleterre de Thatcher. Et même avec sa sœur et son beau-frère, qui connaissent sa situation et semblent ouverts, mais jusqu’à un certain point, on a le sentiment que rien n’est simple. Évoquant son rôle, la comédienne dit : « Je n’avais aucune idée de l’existence de la Section 28. J’étais encore à l’école à l’époque, et elle n’a été abolie qu’en 2003. Je ne savais pas du tout ce qu’il se passait, que ces hommes et ces femmes vivaient l’expérience traumatisante d’agir en ayant constamment des yeux derrière la tête, sans jamais pouvoir être vraiment eux-mêmes. Cette avalanche constante de macro et micro-agressions. »
Face à elle, Lucy Halliday campe avec une étonnante maturité cette jeune lycéenne jouant le rôle de révélateur et de détonateur aussi dans l’histoire. Et qui fait bien passer la dualité du caractère de Lois, en apparence effrontée, mais qui est aussi très vulnérable.
D’une grande finesse, Blue Jean est un magnifique plaidoyer pour la tolérance et l’ouverture aux autres. Un film qui montre bien aussi que le combat est inévitable pour faire reculer les obscurantismes qui pèsent sur notre quotidien.
