C’est dans sa vie privée qu’Eleanor se montre beaucoup plus vulnérable. Sa fragilité dans sa relation tumultueuse avec Edward Aveling la conduira au suicide en 1898 (elle était née en 1855) et c’est cette contradiction entre ses blessures dans la vie privée et sa force dans la vie publique que le film met bien en avant, Susanna Nicchiarelli signant un portrait complexe servi par l’interprétation très subtile de Romolo Garai. C’est ce qui confère à l’histoire une grande modernité avec le portrait d’une femme « victime de la tyrannies des hommes » dans leur quotidien.
Très minutieux dans la reconstitution, évoquant habilement l’importance de la Commune dans le parcours de « Tussy », Miss Marx manque parfois, et c’est paradoxal avec une telle avant-gardiste, d’audaces dans la mise en scène. Pour autant, l’émotion peut jaillir au détour d’une séquence notamment celle en barque quand les camarades rendent un dernier hommage à Engels : en versant ses cendres dans l’eau, ils en entonnent L’Internationale. En supplément du DVD, on découvre d’ailleurs une version survitaminée de l’hymne prolétaire signée des Dowtown Boys.
In fine, ce biopic a le mérite de redonner vie à cette femme qui ne barguigna pas avec ses convictions.
