La maison de Nathalie

En privilégiant les gros plans sur ces visages marquées par les ans, en commençant par des entretiens audios avec chacun des gérants du bar – Nathalie bien sûr, Jean-Jacques et leur fils Sandro – la cinéaste a petit à petit élargi son périmètre de travail pour capter aussi de sacrés personnages comme le vieil ami, un ancien SDF récupéré par le couple et qui a arrêté le tabac et l’alcool et les suit partout, comme lorsqu’ils se détendent en pêchant à Port-Saint-Louis-du-Rhône. Comme une parenthèse de bonheur dans une vie rude où ils sont à la merci du patron des murs qui veut les vendre et les mettre dehors. Sans jamais tomber dans le pathos, ni le voyeurisme – les scènes où Nathalie évoque ses addictions ou raconte le décès de son frère sont bouleversantes de dignité – Atlantic Bar est un documentaire qui touche au cœur et qui explore bien des pistes.

Et puis, il y a la figure de Nathalie qui, malgré les blessures à fleur de peau et de mots, continue de porter son petit monde, de faire bonne figure, d’organiser un superbe anniversaire pour les 18 ans du fiston. Paradoxalement, le plan du documentaire ne reposait pas, à l’origine, sur elle, comme le souligne la réalisatrice : « Nathalie s’est imposée à moi mais le film tournait initialement autour de Sandro, leur fils de dix-huit ans, car je voulais confronter les désirs
de ceux qui avaient leur vie derrière eux avec ceux d’un jeune, qui aurait dix-huit ans pendant le tournage du film. En visionnant les rushes, mon monteur Rémi Langlade a interrogé l’évolution de ma démarche (est-ce que filmer du point de vue de l’enfant n’était pas juste un prétexte pour s’approcher de son parent alcoolique ?). En même
temps, l’événement de la vente du bar a fait évoluer Nathalie pendant le tournage, et en a fait l’incarnation de toutes les thématiques du film. »

Une chose est sûre : ce film poignant sur la vie familiale et les relations humaines ne peut que résonner en chacun de nous.

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