Sortie : DVD-BLU-ray/ BLU-Ray Collector (The Joker Films)

LETTRE D’UNE INCONNUE, de Max Ophüls – 1948

Avec Joan Fontaine, Louis Jourdan, Mady Christians

Mon avis : 4 sur 5

L’histoire ?

Vienne 1900. Quelques heures avant l’aube et sur le point d’affronter en duel un adversaire, un mari trompé, qu’il a d’ailleurs l’intention de fuir, Stefan Brand, ex-pianiste célèbre, homme à femmes, reçoit une longue missive d’une inconnue, Lisa Berndle. Démarre alors en flashback le récit émouvant et douloureux d’une passion d’une femme pour un homme à son insu, une passion si absolue qu’elle semble irréelle, et pourtant…

Et alors ?

« Lorsque vous lirez ceci, je serai morte... » La phrase qui ouvre presque ce classique de Max Ophüls est devenue à juste titre célèbre et cette version restaurée nous permet de retrouver un film qui reste un chef d’œuvre et n’a pas vieilli tant la mise en scène du cinéaste reste d’un grand modernisme après un début avec un flash-back assez classique au demeurant.

Pour son deuxième film tourné aux États-Unis, le cinéaste s’est attaqué à la nouvelle d’un grand auteur européen, Stefan Zweig, sorti en 1922 , que beaucoup jugeait inadaptable. Pourtant, il parvient à convaincre les producteurs de filmer cette histoire d’amour douloureuse et il le fait avec la manière, utilisant une caméra d’une grande mobilité et des travellings audacieux pour décrire une histoire qui, si elle est romantique, n’en demeure pas moins d’une lucidité parfois cruelle. La photographie – ce fut la troisième collaboration de Max Ophüls et du chef-opérateur Franz Planer – magnifie en prime les décors qui reconstituent la Vienne impériale fantasmée. Maniaque et méticuleux, Max Ophüls aura sur le tournage des directives qui donneront lieu à d’étonnants communiqués de la part des studios. Ainsi, un jour, la production claironne : « Max Ophuls vient juste de terminer un panoramique de 320 degrés autour de Joan Fontaine et Louis Jourdan qui dure 3 bonnes minutes. »