Et c’est au Burkina Faso qu’il a finalement trouvé un terrain de travail, d’abord comme photographe à la mine de Perkoa située à 130 kilomètres à l’Ouest de la capitale. Simon Panay raconte comment il a déniché « L’acteur » principal de son récit : » Opio travaillait avec son équipe d’orpailleurs sous une tente et passait les poussières sur un tapis pour trouver des traces d’or. C’était le plus jeune du groupe. Les autres avaient 18-20 ans. Je me suis adressé au plus âgé, comme le veut la tradition en Afrique. Mais j’ai été extrêmement étonné que tous se tournent vers Opio pour avoir son approbation ou pas sur le fait d’être photographiés ! Au Burkina, c’est le plus âgé qui décide en général. J’ai alors découvert le charisme naturel d’Opio et quelque chose de vraiment électrique et d’intense dans son regard. J’ai compris en moins de cinq minutes que j’avais trouvé mon personnage. ».
Travaillant beaucoup sur la profondeur de champ pour bien installer les mineurs dans leur environnement – un plan de drone « parle » particulièrement en nous faisant découvrir cette termitière à ciel ouvert – le cinéaste a pris bien des risques pour nous faire partager le quotidien d’Opio qui descend dans la mine pour pouvoir financer ses études de soudeur. Et les séquences filmées à la lueur des torches sont assez hallucinantes et font penser à la description des mines faites par Victor Hugo pour dénoncer le travail des enfants dans le Nord de la France au XIXe siècle. Muni de sa GoPro équipée d’un stabilisateur, il nous fait partager ce quotidien de mineur où on est en permanence à merci d’un éboulement tant le forage semble de fortune.
Avec Si tu es un homme, Simon Panay montre très bien l’exploitation des enfants dans des conditions qui dépassent l’imagination et dresse le portrait d’un ado doté d’une forte personnalité qui prend tous les risques pour tenter de changer de vie. Il montre bien la complexité des relations familiales pas toujours simples, du coût des études et, même si la deuxième partie du film perd un peu de sa force, ce document est une vision absolument cauchemardesque de la vie dans certains coins de l’Afrique désertés des touristes.
