Quand Fritz Lang ne « parlait » pas

SORTIE : DVD et BD digipack(Potemkine Films)


Deux films un peu « oubliés » de Fritz Lang – La Femme sur la lune surtout et Les Espions (1929 et 1928) – nous replongent dans la période muette du grand cinéaste allemand. De vraies curiosités à découvrir car ils en ont influencé plus d’un.

Deux films, deux genres, et la main du maestro : La Femme sur la lune et Les Espions, redécouverts en version restaurée, permettent de retrouver la singulière griffe et le regard de Fritz Lang qui déjà, à l’époque du Muet, a marqué le grand écran de sa vision et de ses audaces cinématographiques.

La Femme sur la lune raconte l’aventure d’un scientifique découvrant qu’il il y a de l’or sur la lune. Il construit alors une fusée pour y aller mais il y a trop de rivalité au sein de l’équipe pour que ‘expédition soit couronnée de succès. Adapté du roman de Thea von Harbou, sa femme, ,le treizième film de Lang, et aussi son dernier muet, divisé en deux parties, mêle histoire amoureuse et aventure futuriste.

En forme de thriller d’espionnage, la première partie se passe sur terre et Lang joue avec les codes du genre et une utilisation subtile du noir et blanc, des plans rapprochés… Un peu long, le film offre quelques temps forts, comme celui où le chef de l’organisation change, en une seconde, de visages et nous renvoie au Docteur Mabuse le joueur (1922). Si la partie consacrée à l’histoire d’amour a indéniablement vieilli avec les conventions du cinéma muet, celle consacrée à l’aventure lunaire ne manque pas d’atours, notamment dans la description de l’univers lunaire. Et même si certaines données scientifiques manquent avec le recul de vraisemblance, Lang fit des recherches précises et s’entoura pour être le plus précis possible, à son habitude, de scientifiques de renom , notamment, Hermann Oberth qui travaillera aux missiles V2, puis à la NASA : Hitler classa même le film secret d’état lors du programme des V2. Et le film permit à Fritz Lang d’inventer le compte à rebours comme il l’expliqua : « Quand j’ai tourné le décollage de la fusée, je me disais :  » Si je compte un, deux, trois, quatre, dix, cinquante, cent, le public ne sait pas quand le décollage aura lieu. Mais si je compte à rebours dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un — cela devient très clair. « 

Si ce film n’est pas le plus grand opus muet de Lang, il est quand même très intéressant à découvrir.

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