Un thriller expressionniste palpitant

Ce qui est remarquable dans ce film en forme d’exercice de style, c’est l’hommage au cinéma expressionniste allemand des années 20, comme le célèbre Cabinet du docteur Caligari. De fait, Stefan Ruzowitzky joue sur une déformation de la réalité (notamment à travers des décors aux lignes tordues) et sur une ambiance sombre et pessimiste, à la manière d’un Murnau ou d’un Fritz Lang. « Simplement », alors que ces films expressionnistes étaient tournés en studio avec des décors artificiels, le cinéaste a choisi de tourner l’intégralité du sien sur un fond bleu, en recréant les décors en numérique marqués par le travail remarquable de Oleg Prodeus, le directeur artistique numérique. « Comme il s’agissait de mondes impossibles où les perspectives n’étaient pas correctes, nous avons d’abord filmé avec les acteurs, en leur laissant toute liberté de jeu, puis nous avons adapté ces mondes déformés à ce que nous avions filmé », poursuit le réalisateur.

L’objet final est un film baroque, bourré de références au cinéma comme à la peinture aussi – celle d’un Otto Dix notamment, voire de Gustav Klimt notamment – et qui nous embarque dans un univers fantastique comme si le monde ne pourrait jamais se remettre du séisme de 14-18 et était condamné à vivre dans un cauchemar éveillé. En tout cas, Hinterland offre quelques indices de changements politiques qui serviront de terreau au nazisme.

Un choc visuel et un thriller palpitant, très bien interprété.

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