Un thriller expressionniste palpitant

Cinéma actualité


HINTERLAND, de Stefan Ruzowitzky – 1h38
Avec Murathan Muslu, Liv Lisa Fries, Max von der Groeben
– Sortie : mercredi 28 décembre 2022
Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Vienne, 1920. Après l’effondrement de l’empire austro-hongrois, Peter Perg, soldat de la Grande Guerre, revient de captivité. Tout a changé dans sa ville, où le chômage et les pulsions nationalistes prennent chaque jour un peu plus d’ampleur. Il se sent étranger chez lui. Soudainement, plusieurs vétérans sont brutalement assassinés. Touché de près par ces crimes, Peter Perg s’allie à Theresa Korner, médecin légiste, pour mener l’enquête. Au fur et à mesure de ses découvertes, Peter se retrouve malgré lui mêlé aux évènements…

Et alors ?

Entre film historique et thriller fantastique, Hinterland s’intéresse au déséquilibre profond, social et politique, qui marqua l’Europe centrale – entre autres – après la saignée de 14-18. Avec ses co-scénaristes, Hanno Pinter et Robert Buchschwenter, le réalisateur a conçu ce scénario touffu qui mêle l’histoire d’un tueur en série et ses motivations à un contexte historique d’une profonde désagrégation de la société d’alors.

Le film montre justement très bien comment le mythe de la virilité guerrière en a pris un sacré coup après le conflit et ses millions de morts qui ont marqué la découverte par les sociétés d’une guerre dite « moderne ». Stefan Ruzowitzky raconte : « Les hommes de Hinterland, qui reviennent d’un camp de prisonniers de guerre plusieurs années après sa fin, sont partis en tant que représentants d’un immense empire. Lorsqu’ils sont revenus dans cet état nain, ils étaient âgés, handicapés, physiquement et mentalement blessés. Ils ont souffert de tout ce qu’un homme ayant un concept traditionnel de la masculinité craindrait le plus. »

Le film montre bien comment la Première Guerre mondiale a bouleversé profondément les soldats survivants bien sûr, mais aussi toute la population européenne qui va mettre des années à panser ses blessures… jusqu’au deuxième conflit mondial dont elle a attisé les braises. D’autre part, le Dr Körner, le personnage féminin principal, qui est une experte en médecine légale – profession réservée alors aux hommes- symbolise aussi le début d’une évolution lente mais continue de la société pour permettre à la femme de gagner son émancipation de haute lutte.

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