Dans la peau de ce toubib à bout de course, à bout de souffle, Vincent Macaigne impose une présence inhabituelle, massive, compacte, loin de l’image des personnages lunaires qu’il a si souvent incarnés sur grand écran. La détresse se lit sur son visage marqué par ces nuits à la rencontre de bien des paumés, d’une humanité en bout de course. Il est celui qui peut aussi bien soulager la vieille dame du douzième étage d’un HLM qui s’essouffle que donner l’ordonnance salvatrice à un drogué qui sent le manque, confronté à tous les deals foireux du subutex, ce substitut à l’héroïne. Au départ, Vincent Macaigne devait jouer le cousin pharmacien mais, au fil des rencontres, Elie Wajeman a changé de braquet. Il dit : « J’ai vu en lui la possibilité qu’il puisse incarner ce type à la fois doux et violent. Par ailleurs, Médecin de nuit est une sorte d’adaptation lointaine du Platonov de Tchekhov et je trouvais que Vincent serait un parfait Platonov moderne (il a joué Platonov au conservatoire). Je me souviens m’être dit, un jour, en voyant un film avec Vincent, que c’était notre grand acteur russe national ! »
Avec ce polar urbain dans la tradition d’un certain cinéma américain indépendant, Wajeman signe un drame contemporain d’une grande force dans lequel les personnages secondaires ne le sont pas, mais apportent une touche d’humanité supplémentaire au récit poignant et qui en dit beaucoup sur les solitudes de notre vie moderne.
