Marie Kreutzer impériale

Elle a porté le projet de bout en bout. Revisitant la figure de Sissi dans Corsage, qui sort cette semaine, Vicky Krieps prouve la palette de son jeu. Une actrice avec laquelle il faudra plus que jamais compter

Noël 1877, Élisabeth d’Autriche (Sissi), fête son 40e anniversaire. Première dame d’Autriche, femme de l’Empereur François-Joseph Ier, elle n’a pas le droit de s’exprimer et doit rester à jamais la belle et jeune impératrice. Pour satisfaire ces attentes, elle se plie à un régime rigoureux de jeûne, d’exercices, de coiffure et de mesure quotidienne de sa taille. Étouffée par ces conventions, avide de savoir et de vie, Élisabeth se rebelle de plus en plus contre cette image… Loin du modèle rendu célèbre par Romy Schneider, Marie Kreutzer donne un tout autre visage de l’impératrice dans Corsage, un film aux résonances tout à fait modernes. Car, certains impératifs réservés aux femmes n’ont pas beaucoup évolué depuis cent cinquante ans.

Si l’impératrice reste une attraction touristique en Autriche, en particulier à Vienne, Marie Kreutzer a voulu sortir de l’image d’Épinal après que sur le tournage de We use to be cool, Vicky Krieps lui a lancé : « Et si tu faisais un film sur Sissi avec moi ? » D’abord interloquée et peu intéressée, elle a fini par se prendre au jeu. Et raconte : j’ai commencé à me documenter, sans trop savoir où j’allais. Je voulais juste savoir si quelque chose me toucherait, m’interpellerait. Et cela a été très vite le cas avec cette phase dans la vie d’Élisabeth, où elle a commencé à se rebeller contre le protocole, à se retirer et à s’isoler. C’était une période où il ne lui était manifestement plus possible de rentrer dans le corset de sa fonction.« 

Saisie au tournant de la quarantaine, victime de bien des addictions, Sissi n’est plus la fraiche héroïne des romans romantiques et se bat pour défendre sa liberté. Le récit repose sur son instigatrice et la volonté de Vicky Krieps, une actrice qui s’est imposée en quelques films. Pour ce rôle, la jeune comédienne de 39 ans n’a pas ménagé le travail en amont. « Je crois bien que je n’ai jamais autant travaillé à la préparation d’un rôle »,dit-elle. Bonne cavalière, Vicky Krieps a dû ainsi apprendre à monter en amazone, a nagé dans les eaux gelés du Danube et travaillé son escrime tout en apprenant le hongrois. « Le hongrois m’a paru très difficile, c’est une langue pour laquelle je n’avais pas de repères phonétiques » dit-elle.

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