Cinéma actualité
AUCUN OURS, de Jafar Panahi – 1h47
Avec Jafar Panahi, Mina Kavani, Vahid Mobasheri
– Sortie : mercredi 23 novembre 2022 –
Mon avis : 5 sur 5
Le pitch ?
Dans un village iranien proche de la frontière, un metteur en scène est témoin d’une histoire d’amour tandis qu’il en filme une autre. La tradition et la politique auront-elles raison des deux ?
Ce qui touche dans ce film ?
Le film prend une résonance singulière, même auréolé du Prix spécial du jury à la 79è Mostra de Venise : Jafar Panahi est, en effet, retenu prisonnier depuis le 11 juillet dernier par un régime iranien aux abois. Il avait envoyé avec Mohammad Rasoulof, cinéaste lui-aussi arrêté, la déclaration dont voici un court extrait : « Nous sommes des cinéastes. Nous faisons partie du cinéma indépendant iranien. Pour nous, vivre c’est créer. »
Avec Aucun ours, on mesure à quel point Jafar Panahi a réussi un petit miracle en tournant ce récit en abyme sur un cinéaste filmé en train de surveiller à distance – interdiction de tourner oblige et donc de sortir de son pays – alors qu’il met en scène l’histoire d’amour entre Bakhtiar et Zara qui jouent leur propre rôle face à la caméra. Ce couple d’Iraniens, exilés en Turquie, cherchent par tous les moyens à démarrer une nouvelle vie en Europe, grâce à un trafic de faux passeports devant leur permettre de voyager sous une autre identité. Dès le premier plan séquence, le cinéaste iranien se joue des apparences et le spectateur se demande d’emblée où se trouve la frontière entre fiction et réalité. Tout au long du film, on joue sur cette autre « frontière ».

