Meurtre à l’université !

Auréolé du Prix du scénario au dernier festival de Cannes, La Conspiration du Caire mérite largement la récompense tant Tarik Saleh a su imaginer une histoire en s’inspirant du Nom de la Rose qu’il venait de lire, mais en transposant son récit de nos jours et dans un contexte musulman, ce qui était un pari audacieux. Un pari réussi haut la main. Il a dû installer son plateau ailleurs car, trois jours avant le début du tournage de son précédent film, Le Caire confidentiel, les services de sécurité égyptiens lui ont ordonné de quitter le pays. Depuis, son nom figure sur une liste d’indésirables : s’ils repose le pied sur le sol égyptien, il immédiatement arrêté. Il a réussi à trouver en Turquie un cadre qui rappelle le décor d’Al-Azhar : « Nous avons pu tourner dans la Mosquée Süleymanye d’Istanbul, un bâtiment magnifique bâti au XVIème siècle, dont le maître d’œuvre, Sinan, a formé l’architecte de la Mosquée Bleue. »

Signant une histoire sur les pouvoirs, sur la collusion du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel, Tarik Saleh réussit un film ambitieux dans lequel le travail du directeur de la photographie Pierre Aïm et du chef décorateur Roger Ronsenberg parvient à faire ressentir la mosquée comme un lieu d’emprisonnement, étouffant à souhait.

Enfin, pour l’occasion, le cinéaste retrouve son comédien fétiche Fares Fares qui campe avec une grande conviction l’inspecteur qui prend tous les risques pour faire éclater la vérité. Un film politique brillant et subtil. Un régal pour l’esprit.

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