Parlant face à la caméra, y compris quand son cancer des poumons en phase terminale lui laisse le souffle très court, David Gulpilil se montre le conteur hors pair d’un parcours des moins orthodoxes qu’il semble regarder avec, dans le regard, un certain amusement. L’humour est permanent chez lui, ainsi quand il raconte comment il a fumé le premier joint (d’une longue série) avec un certain Bob Marley…
Ensuite, le doc est le portrait de la fin d’une vie d’un homme qui sait que ses semaines sont comptés et qui décident d’immortaliser son parcours au cinéma, ce cinéma qui lui a donné une aura mondiale. Alors même que les médecins lui donnaient des chances de survie à très court terme, il est parvenu même à assister à la première du film, le 12 mars 2021 au Festival du film d’Adélaïde, quelques mois avant de disparaître en novembre de la même année. Par bien des aspects – aussi bien dans la manière de regarder la caméra que de « jouer » son propre rôle – My name is Gully offre des similitudes avec le documentaire aussi magnifique que poignant que Wim Wenders tourna en 1979 avec son ami le cinéaste Nicholas Ray. Et avec Nick’s Movie aussi, l’art offrait un dernier pied-de-nez à la mort, tout en offrant un testament cinématographique et spirituel.
Un documentaire essentiel, très bien construit et humainement très fort.
