Pour autant, et les images des nombreuses fissures des murs de l’appartement illustrent symboliquement cette lente désagrégation, l’unité familiale de façade se disloque jusqu’à la révélation paternelle finale qu’il ne faut surtout pas dévoiler. Les piques fusent ainsi quand le père ironise sur les échecs musicaux de sa fille ou sur les régimes de son épouse et on s’aperçoit que, dans cette famille, l’enfer c’est vraiment les autres.
La force du film tient bien sûr à un casting solide. Beanie Feldstein (Lady Bird, Booksmart), Richard Jenkins (Spotlight, La Forme de l’eau), Jayne Houdyshell (Les Filles du Docteur March), Amy Schumer (Crazy Amy), Steven Yeun (Burning, Minari) et June Squibb (Nebraska, Soul) jouent à la perfection chacun des membres du clan. Enfin et surtout, Stephen Karam parvient à transposer une pièce au cinéma sans tomber dans l’écueil d’un théâtre filmé.
Utilisant parfaitement le décor quasi vide d’un duplex, jouant avec les maigres décorations prévues pour la fête et éclairant, ici ou là, les pièces, il parvient à donner du rythme visuel à ce dîner des familles. Jouant aussi sur la profondeur de champ, il parvient à capter le moindre détail dans le décor, montrant chaque membre de ce clan comme perdu dans cet appartement qui aurait besoin d’un sacré rafraîchissement, comme le note sans arrêt le père omniprésent et donneur de leçons.
Un portrait familial qui tourne au drame d’une manière redoutablement efficace.
