La modernité de Kurosawa

Si le jeu, très théâtral des comédiens peut surprendre, Rashômon est un film qui va influencer techniquement bien des cinéastes. De fait, la mise en scène de Akira Kurosawa est absolument magistrale, tant il multiplie les points de vue audacieux, ose des travellings improbables pour capter la frénésie du bandit campé par Toshirô Mifune, aussi bien dans la course dans les bois que dans le duel, signe un montage d’une rare nervosité.

Il y a encore des séquences où la pluie mène le tempo : pour l’anecdote et afin que ladite pluie soit le plus visible à l’écran, Kurosawa avait décidé de la mélanger à de l’encre noire, et on peut l’observer sur le visage du bûcheron. Par ailleurs, Rashômon est le premier long métrage dans lequel la caméra est pointée directement vers le soleil.

La reprise de ce classique de Kurosawa permet de se rafraîchir la mémoire en visionnant une nouvelle fois un film à la réalisation magnifique dans une version très bien restaurée. Une mise en scène qui valut à Kurosawa un Lion d’Or à la Mostra de Venise avant, un an plus tard, qu’il ne décrochât l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Un succès exceptionnel pour un film japonais à l’époque et qui participa au désir d’ouverture du pays, marqué par les séquelles du dernier conflit mondial.

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