Reprise
RASHÔMON, de Akira Kurosawa – 1h28
Avec Toshirô Mifune, Masayuki Moi, Machiko Khô
– Sortie : mercredi 10 août 2022 –
Mon avis : 5 sur 5
Le pitch ?
Un paysan vient s’abriter d’une pluie torrentielle sous une vieille porte délabrée ou se sèchent déjà un bûcheron et un prête. Ces derniers semblent ne rien comprendre à une affaire à laquelle ils ont été mêlés bien malgré eux. Un samouraï aurait été assassiné et sa femme violée; quatre témoins du drame, dont le prêtre et le bûcheron, vont donner leurs versions des faits, toutes contradictoires…
Revoir un classique ?
Inspiré de deux nouvelles de l’écrivain japonais Akutagawa Ryunosuke, Dans le fourré et Rashômon, elles-mêmes inspirées de légendes médiévales nipponnes, Rashômon n’a, malgré son âge, pas pris une ride tant Akira Kurosawa signait avec ce film une œuvre majeure et d’une rare modernité. Pourtant, il a fallu au cinéaste japonais beaucoup de force de conviction pour obtenir que la major Diai produise son film car la compagnie trouvait le scénario trop compliqué pour un Jidai-Geki, une histoire se déroulant avant l’ère Meiji.
Il est vrai, le parti-pris de raconter ce meurtre à travers le regard de différents protagonistes, y compris le samouraï tué par le truchement d’une voyante dans une séquence tout à fait étonnante, est audacieux et permet, à partir d’un simple fait-divers historique dans le cadre austère d’une forêt, de créer un récit à tiroir très prenant. Au passage, le film est porté par la performance physique de Toshirô Mifune qui deviendra l’acteur fétiche d’Akira Kurosawa, des Sept samouraïs (1954) au Garde du corps (1961). Sarcastique, roué, l’acteur signe ici une prestation étonnante tant il parvient à exprimer une multitude d’émotions, passant d’une douceur apparente à des excès subi de violence et de ricanements proches de la folie.

