Jean-Louis Trintignant – 1930/2022

Hommage

A l’instar d’un Michel Bouquet, c’est un des piliers du cinéma français qui a tiré sa révérence à 91 ans. Un acteur qui avait su vieillir, lui qui fut un jeune premier remarqué et convoité. Retour sur une carrière en quelques films.

Il avait confié un jour qu’il « avait raté de mourir jeune« . Emporté hier par la maladie, Jean-Louis Trintignant est parvenu à vieillir avec dignité et panache à la ville comme sur grand écran. Trintignant, c’était plus de 130 films sur un demi-siècle. Sa carrière fut un impossible rêve. Révélé au grand public en époux de Brigitte Bardot en 1956 dans Et dieu créa la femme, il sera le vieillard émouvant et pathétique de Amour, de Michael Haneke, Palme d’or à Cannes et Prix d’interprétation masculine.

Jean-Louis Trintignant était né en 1930 dans le Gard à Piolenc, près d’Uzès où il était retourné vivre en 1985 avec l’ex-pilote de rallye Marianne Hoepfner qui fut la dernière compagne d’un grand acteur et grand séducteur qui fit d’abord du droit pour devenir notaire. Mais, un incident vécu durant la guerre va le marquer : adolescent, le jeune Jean-Louis est marqué par les mésaventures de ses parents durant la guerre : son père s’engage du côté de la Résistance alors que sa mère, coupable d’une relation avec un Allemand, est tondue en public. Le jeune Trintignant découvre alors Prévert, la poésie, le théâtre. Un moyen de s’évader de ce monde si barbare.

Alors, ce « maladivement timide » selon son propre aveu est parti à 20 ans à Paris pour suivre les cours de Charles Dullin et de Tania Balachova, un lieu où il croisera Delphine Seyrig, Michael Lonsdale ou encore Stéphane Audran qui sera sa première épouse. . En parallèle de petits premiers rôles sur les planches et au cinéma, il intègre l’IDHEC (la future Fémis, la célèbre école du cinéma) en vue de devenir réalisateur. Il est tout à fait intéressant de revoir aujourd’hui deux de ses films très originaux même s’ils furent des échecs commerciaux : deux comédies pince-sans-rire qu’il a co-écrites et dirigées, Une journée bien remplie en 1972 avec un Jacques Dufilho toujours étonnant et le Maître-nageur en 1978.

Et dieu créa la femme sera le moment-clé dans sa carrière, le faisant passer de l’ombre à la lumière. Une lumière qu’il ne quittera plus, tournant avec les plus grands noms du cinéma français (Franju, Chabrol, Rohmer, Lelouch, Costa-Gavras, Truffaut…) et italien (Bertolucci, Comencini, Risi, Scola…). Choisir serait faire injustice à la palette de son talent. Un film pourrait « résumer » la puissance de son jeu : Le Conformiste, de Bernardo Bertolucci en 1970. Adapté du célèbre roman d’Alberto Moravia, ce film a pour personnage central un petit bourgeois, fasciste par conformisme, qui est envoyé par les services secrets de Mussolini en mission en France pour approcher et supprimer son ancien professeur de philosophie en exil qui lutte au sein d’un groupe de résistance antifasciste… Dans ce rôle, Trintignant est troublant à souhait, complexe.

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