Une éducation figée dans le passé

La force du scénario c’est de montrer que, si les enfants sont victimes du système – les jeunes comédiens sont au demeurant parfaits- , les adultes ne sont pas que des brutes et on voit à quel point les enseignants sont livrés à eux-mêmes dans un tel système. Quant au directeur – et on le mesure au moment où il se décidé à faire appel à une ambulance, mais en vain – il est aussi peu maître de son destin que les autres membres du collège, un lieu où l’on sent aussi le poids de la vétusté et où les « grands » fument en se demandant bien comment ils pourraient changer le cours des choses. Évoquant sa propre expérience, le cinéaste raconte : « La plupart des professeurs que j’ai croisés n’étaient pas des mauvaises personnes ; ils ne faisaient que perpétuer une tradition qu’ils ont eux-mêmes subie : inspirer la peur ! Insuffler la peur dans le cœur des enfants pour les faire grandir. Leur interdire de s’opposer, de s’exprimer…« 

Dans ce drame, la neige joue enfin un rôle qui a isolé l’équipe dans ce coin perdu. Qui plus est, l’équipe a peu bougé durant le tournage. Commentaires de Ferit Karahan : »En rentrant à Istanbul, à la fin du tournage, nous étions tous très bouleversés. La tension du lieu et les conditions météorologiques m’ont longtemps hanté. »

Si le film peut dérouter parfois par sa lenteur, il tient ses promesses pourtant et révèle une société turque figée comme le paysage l’est par la neige qui tombe sur ce théâtre d’un quotidien morne.

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