Le film fait penser alors à un tableau en train d’être façonné, entre naturalisme et impressionnisme. Loin des images d’Épinal de la vie d’artiste, Pialat sait capter aussi bien les paysages inspirants quand Van Gogh erre dans les champs de blé à la recherche du point de vue idéal, que les petites gens, les corps féminins. C’est dans ce film d’ailleurs qu’Elsa Zylberstein a été révélée au grand public en campant Cathy, l’amie prostituée de Van Gogh.
Et puis, si d’autres comédiens ont joué déjà Van Gogh et pas des moindres – de Kirk Douglas à Tim Roth – Jacques Dutronc en donne une version magnifique et très touchante. Visage creusé par un régime, maigre et dos courbé, il parvient à montrer le peintre comme un homme brisé, à bout de souffle, presque absent. Pour ce portrait d’un artiste qui meurt sans bruit dans son coin, il a reçu un -ô combien – mérité César du meilleur acteur. Bref, un grand acteur pour un film qui sort du lot.
