Cannes 2022 – Semaine de la critique
Le cinéma colombien est à l’honneur de la Semaine de la critique avec La Jauría, de Andrés Ramirez Pulido, qui y est présenté aujourd’hui dans le cadre de la compétition.
La Jauría immerge le spectateur dans un coin paumé de la jungle. Le pitch ? Eliú, un garçon de la campagne, est incarcéré dans un centre expérimental pour mineurs au cœur de la forêt tropicale colombienne, pour un crime qu’il a commis avec son ami El Mono. Chaque jour, les adolescents effectuent des travaux manuels éprouvants et suivent des thérapies de groupe intenses. Un jour, El Mono est transféré dans le même centre et ramène avec lui un passé dont Eliú tente de s’éloigner…
Évoquant le scénario, Andrés Ramirez Pulido souligne : « La Jauría est l’histoire d’un adolescent et de toute une génération qui entretient une relation de haine et de mort avec son père, une génération abandonnée qui, sans s’en rendre compte, s’inscrit dans un cercle de violence héritée. Comment un enfant peut-il se détacher d’une violence imprégnée dans sa nature ? Comment se détacher de ces héritages immatériels de nos parents qui nous hantent chaque jour ? Mon idée était d’accompagner organiquement Eliú, le personnage principal, dans un voyage vers la lumière pour qu’il puisse sortir de ce cercle hostile, de là est née l’idée de le connecter avec quelque chose au-delà du matériel, une rencontre avec l’invisible. »
Puisant dans les ressorts de la fiction, le cinéaste signe un film prenant où le confinement dans la prison à ciel ouvert qu’est la jungle, avec des espèces d’illuminés qui les encadrent nous plonge dans un cauchemar éveillé. À signaler le très beau travail du chef opérateur Balthazar Lab. Une des forces du film est, si de violence il est question, de la montrer de manière non frontale, ce qui confère à l’ensemble une vraie force. Et de la mort du père au thème de l’enfermement et des névroses de certains matons, l’histoire explore un large spectre de thèmes.

