Une star sans contraintes

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ROMY, FEMME LIBRE, de Lucie Cariès et Clémentine Deroudille – 1h30
Narration : Swann Arlaud
– Diffusion sur France 3, vendredi 20 mai 2022 à 21h10
Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

L’actrice fut en Compétition dès 1957 avec Sissi impératrice avant de revenir de nombreuses fois sur la Croisette, notamment en tant qu’interprète pour la légendaire projection de Les Choses de la vie de Claude Sautet. Ce documentaire retrace la carrière d’une femme de conviction et passionnée.

Et alors ?

Faisant partie de la sélection Cannes Classics 2022 : les documentaires, Romy, femme libre n’est pas l’hommage larmoyant de plus à une actrice au destin brisé, elle qui est morte à 43 ans seulement le 29 mai 1982 après une vie aussi riche professionnellement que parsemée d’instants tragiques. Car Lucie Cariès et Clémentine Deroudille ont opté pour un angle d’attaque original en illustrant ce portrait de très nombreux extraits d’interviews d’une artiste qui n’aimait guère l’exercice mais qui, malgré, ses doutes, fut une femme libre et aventurière. Il fallait un certain courage à l’héroïne de Sissi, jeune star allemande, pour quitter son pays et repartir de zéro en rejoignant Alain Delon à Paris. Elle dut alors repartir presque à zéro, y compris en montant sur scène au théâtre, sous la houlette d’un certain Luchino Visconti en 1961, au côté d’Alain Delon, dans Dommage qu’elle soit une putain. Et Romy de se souvenir : « Visconti voulait me torturer pour tirer le meilleur parti de moi.« 

Ce départ pour la France, où elle n’est rien, est aussi un acte de rupture avec un passé qu’elle ne cessera de tenter d’exorciser en choisissant des scénarios courageux car ses parents, des artistes célèbres, furent très proches d’Adolf Hitler. C’est ainsi qu’elle tourna par exemple le rôle d’une jeune femme d’origine juive fuyant les occupants nazis en mai 1940 dans Le Train, de Pierre Granier-Deferre.

Au fur et à mesure de ce récit, nourri d’archives élégantes et porté par la voix off sobre mais émouvante de Swann Arlaud, on mesure comment Romy Schneider a toujours, malgré son « spleen germanique« , agit sans compromis, en suivant toujours son instinct de liberté. « Les risques de ce métier, je les aime » dit-elle dans une interview. Et de rajouter à une autre occasion : « J’ai pensé à abandonner ce métier. Mais, je l’aime ce métier et il m’aime. »

Même quand le décès tragique de son fils David la brise, Romy Schneider trouve les moyens de continuer à travailler, à tourner, à oser. Et, avec les hommes, elle fit de l’argent un instrument de liberté et paya par exemple le divorce avec Harry Meyen, qui ne fut pas toujours élégant dans ses propos publics sur elle.

De cette « femme qui avait une intensité particulière » comme la définissait Claude Sautet, ce documentaire retrace avec brio les combats, les engagements, sans omettre les blessures qui la construisirent aussi. Passionnant et bénéficiant d’un montage efficace.

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