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Alors que le cinéma sera à la fête sous peu sur la Croisette, on peut se refaire une séance Jean Renoir sur MUBI, qui programme trois classiques durant le mois de mai.



En 1975, Jean Renoir avait obtenu un Oscar d’honneur pour sa carrière. Il est vrai, ce réalisateur et scénariste a marqué en profondeur les mutations sociales et politiques du cinéma français des années 30 aux années 50. Il a même été honoré – fait d’armes rare pour un frenchie – par une étoile sur le Hollywood Walk of Fame de Los Angeles.
Ce ne sont pas trois « simples » films qui peuvent restituer toute la force d’inspiration de Renoir, pourtant MUBI a eu la main heureuse en diffusant, en mai, trois films de couleurs différentes. Primo, Le Crime de Monsieur Lange (1936), qui est son unique film marqué au scénario par la griffe d’un Jacques Prévert, écrivain et artiste engagé à gauche. Jouant sur la beauté du plan-séquence, Renoir raconte une histoire de lutte de classes préfigurant les grands moments du Front Populaire. Le pitch ? Amédée Lange est recherché par la police. Alors qu’il a pris la fuite en compagnie de Valentine et a trouvé refuge dans un petit hôtel, il est démasqué par des clients. Valentine décide de leur raconter toute l’histoire et de les laisser juger du crime de M. Lange. Tout a commencé lorsque l’ignoble M. Batala, le patron de M. Lange a décidé de s’approprier les oeuvres écrites par ce dernier avant de s’enfuir et de se faire passer pour mort… Renoir décrit ici, dans un ton libertaire, un récit d’émancipation sociale portée par des actrices lyriques ((Florelle, Sylvia Bataille, Nadia Sibirskaïa) pour des rôles de femmes réduites à un rôle d’objets du désir et un Jules Berry en salaud magnifique. Sans oublier le jeune Maurice Baquet, complice de Prévert, en amoureux de la petite reine. Bref, une fable sur ce qu’un individu a le droit de faire au nom de la collectivité.
