Un casting parfait. Pour « montrer la lutte sans concession » de ces femmes, pour reprendre les mots de Mohamed Nadif, il fallait trouver une distribution en parfait équilibre. Le pari est ici gagné haut la main avec des interprètes parfaites comme la jeune Rim Fethi, qui se révolte contre les violences paternelles et qui, d’un seul regard, peut exprimer toutes ses déchirures intérieures. Coscénariste du film Assma El Hadrami campe avec subtilité cette mère brisée par le deuil. Quant à Jalila Talemsi, elle joue, avec beaucoup de justesse, cette infirmière qui permet aux malades des fugues nocturnes pour retrouver goût à la vie.
Une mise en scène qui a du rythme. Porté par les belles images de Kamla Derkaoui, notamment dans les scènes de nuit, Les Femmes du pavillon J ne se réduit pas à des séquences dans les décors impersonnels d’un centre psychiatrique. Avec une caméra « en liberté », Mohamed Nadif suit ces amies aussi bien à l’hôpital qu’à l’extérieur dans leur quête de retour dans une vie dite « normale ». Rien que la séquence d’ouverture, surréaliste, dans le parc d’attractions vous embarque d’emblée, tout comme la scène de l’anniversaire-surprise dans un restaurant où les amies sont confrontées aux lourdeurs de la gent masculine.
Un film puissant et un récit pétri d’humanité.
