Les déserteurs de la vie

Parvenant à évoquer la guerre, l’embuscade sanglante en Afghanistan sans jamais montrer d’images de guerre, Mathieu Gerault a pris le parti intéressant de montrer les conséquences invisibles des traumatismes profonds sans images spectaculaires autre d’une bande son. Chez les deux principaux protagonistes, le tabagisme, l’alcoolisme sont un des signes de ces désordres enfouis, de la difficulté à affronter la réalité, de se refaire une identité civile loin du fracas des armes.

Avec la personne de la jeune psychologue très maternelle et enceinte, campée par India Hair, avec aussi la figure du commandant de Royer, le « père » remplaçant pour ces appelés – Denis Lavant joue toujours une partition surprenante – ce film montre bien la dérive d’un anti-héros brisé par un système . Un homme blessé aussi (et surtout) par la vie dès son enfance. Et, une fois de plus, bien entouré par Sofian Khammes, Niels Schneider exprime toutes les dérives et la violence intérieure – quand elle n’est pas extériorisée au détour d’une émotion mal contenue – de ce soldat perdu. En parallèle la description du monde des gitans, uni face au reste des communautés, montre comment, même dans la marge, la fraternité n’est pas un vain mot.

Thriller social sur ces déserteurs de la vie, Sentinelle sud est une œuvre âpre et forte.

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