Une mise en scène à couper le souffle. Porté par l’utilisation sublime du noir et blanc où le moindre grain de peau ressort sur grand écran, ce film en forme de requiem à la paix est plastiquement une réussite absolue. Aussi à l’aise dans les moments intimistes – quand l’enfant regarde un vol d’oiseau s’attaquant à l’un des leurs – que dans les moments d’action – l’attaque du village par les soldats russes est étourdissante tout comme celle des corbeaux l’attaquant- ce film décrit la violence de la guerre, de la vie tout simplement, le choc vécu par les populations avec un réalisme teinté de naturalisme. Dans le contexte du conflit ukrainien, il prend alors une résonance toute particulière. Certaines scènes de violences faites aux femmes ou d’acte sadique sont, parfois, à la limite du soutenable, tant Václav Marhoul « montre » les choses sans pour autant jouer les voyeurs. A découvrir la qualité formelle de ce film, on comprend pourquoi il a fallu onze ans à son réalisateur pour venir à bout d’un projet d’une telle envergure. On mesure que le moindre cadrage a été longuement calculé et rehaussé par un montage au top niveau.
Des comédiens au top. Le jeune Petr Kotlár est bluffant durant les presque trois heures que durant cette odyssée au pays de la peur et une Europe dévastée par la guerre et par la fureur des hommes. Malgré son jeune âge, il est capable d’exprimer une riche palette d’émotion et porte le film sur ses épaules de bout en bout. Deux comédiens de renom, entre autres, viennent enrichir le casting : Stellan Skarsgård, en officier lassé des tueries, et Harvey Keitel, en prêtre courageux qui prend bien des risques face aux occupants.
The Painting Bird fait partie de ces films rares dont on oublie pas facilement les images…
