Avec un procédé de mise en scène d’une rare sobriété, qui confère à la parole toute sa force sans jamais tomber dans le glauque, ni le larmoyant, Alexe Poukine offre à ces femmes blessées à jamais – et à un homme qui se définit comme « travailleur du sexe » – l’occasion de raconter « froidement » ce qui s’est passé à travers une prise de parole. Mêlant des témoignages directs à des passages joués par différents interprètes, s’appuyant sur un texte écrit par Ada et divisé en plusieurs parties la réalisatrice offre une mise en abyme aussi astucieuse que forte dans son documentaire. Elle évite aussi le risque de la « performance » où un comédien ferait passer, par son jeu, le moindre message. Là, les imperfections mêmes dégagent une vraie émotion.
Remarquablement conçue et construit, Sans frapper est un documentaire absolument nécessaire et percutant. Sans jamais faire résonner le mot « viol » dans le texte, elle exprime l’horreur de l’acte qui marque à jamais la victime. Et ne peut que susciter une honte collective.
