Malgré un solide travail de documentation, Arthur Harari n’a pas pour autant lu avant de tourner les propres souvenirs d’Onoda, Ma guerre de 30 ans sur l’île de Lubang. Il explique : « Je l’ai découvert plus tard quand le scénario était déjà écrit et qu’on allait commencer le tournage. Ne pas avoir lu le livre m’a donné la liberté d’inventer le personnage que je voulais. Pour moi, Onoda était un carburateur à fiction et je ne voulais être prisonnier de sa subjectivité ».
Sans jouer sous toute forme de fascination occidentale face à l’Orient lointain, il signe une histoire plus humaniste et universelle, en s’attachant au moindre détail du quotidien avec, par exemple, le détail de la petite radio et des piles à dénicher. Ou des attaques surréalistes contre les habitants qui vivent désormais en paix.
Filmant toujours son « héros » avec une certaine distance, sans jamais basculer dans l’empathie, le réalisateur décrit bien comment Onoda glisse tout doucement vers une certaine folie dans cette jungle. Ce voyage dans sa prison mentale est tout à fait surprenant.
