Que ce soit le scandale Cahuzac en 2012 – on est frappé de l’amnésie du directeur du Point, Étienne Gernelle évoquant un article qui a « disparu » d’une édition (au moins répond-il aux journalistes contrairement à d’autres) – la rétraction d’un Ziad Takieddine dans l’affaire du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, ou encore l’affaire de la vente d’armes par la France en Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis en sachant qu’elles pourraient être utilisées au Yémen, où les deux pays sont accusés de crimes de guerre, le documentaire montre comment tous les pouvoirs ne sont pas gênés par un jeu trouble d’influences quand ils n’exercent pas eux-mêmes certaines pressions.
Revenant sur la prise du pouvoir médiatique par Vincent Bolloré et son clan, ce doc aux allures parfois de polar montre, par exemple, comment, une enquête de la correspondante du Monde sur les affaires portuaires du grand patron dans les ports de l’Afrique de l’Ouest, souvent gérées dans une certaine opacité, a privé le grand quotidien du soir, du jour au lendemain, d’importants revenus publicitaires (alors que Yannick Bolloré est, depuis 2013, le patron d’Havas, l’un des plus grands groupes de communication du monde). Une chercheuse du CNRS a aussi décortiqué comment CNews, la chaîne d’information du groupe Bolloré, a aussi accordé 47 % de temps d’antenne à Eric Zemmour, participant à l’extrême-droitisation du débat.
Du côté de LVMH, très grand groupe de luxe, Bernard Arnault, Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur, sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy, officie comme consultant indépendant pour le groupe. Et en diffusant ses échanges téléphoniques avec les dirigeants du groupe, lors du tournage de Merci patron !, film documentaire satirique signé François Ruffin, en 2016 (il n’était pas encore député de la France Insoumise), pour infiltrer le groupe de tournage et éviter leur irruption durant l’AG annuelle du groupe Luc Hermann et Valentine Oberti montrent clairement les relations étroites entre les dirigeants de ces groupes et les proches du pouvoir.
Certains trouveront le ton partisan : il est courageux, documenté et ne peut que susciter un débat salutaire. Ce documentaire pose des questions essentielles pour une information non pas objective mais qui puisse vraiment échapper aux contrôles de ces patrons qui ont mis la main aussi sur les médias. Et offrir un vrai visage démocratique au débat public.
Outre la diffusion sur Médiapart, le film sera projeté dans certaines salles de cinéma en France et accompagné de débat. Information en un clic.
