Un marin à terre

Utilisant avec finesse des acteurs non professionnels, Alex Camilleri montre comment, par fidélité à la culture familiale, Jesmark tente, par tous les moyens, à survivre et à réparer le Luzzu de son père, quitte à faire quelques entorses à la loi. Avec parfois l’atmosphère d’un documentaire, tant le scénario est précis et suit les rites de pêche, Luzzu est un film d’une rare authenticité. Il montre bien encore comment la foi est importante dans ce monde rude – la séquence de la bénédiction des bateaux se passe de commentaires – et comment, face aux réglementations européennes et aux aides à la destruction de certains navires, les pêcheurs sont contraints de mettre sac et filets à terre. Et le cinéaste de souligner : « Dans Luzzu, j’espère que nous avons capturé une partie de cette intensité ressentie dans ces œuvres du néoréalisme, tout en offrant une énergie moderne dans la réalisation du film. On pourrait voir notre film comme une conti- nuité de la ligne de pensée de Visconti dans La terre tremble. Tourné il y a soixante-dix ans dans un village de pêcheurs en Sicile, à deux pas de Malte, le film de Visconti met également en vedette des non-acteurs dans le rôle des pêcheurs. La grandeur du monde traditionnel de la pêche s’avère tout aussi inspirante des décennies plus tard, et il est étrange de voir comment le film de Visconti anticipe les vents contraires qui viendront frapper les familles de pêcheurs de la Méditerranée. »

Une œuvre vraiment originale sur la fin d’un monde. Un film dont le jeu de ces comédiens d’un jour ne peut que nous surprendre, tant ils semblent à l’aise devant une caméra et ont un jeu confondant de naturel.

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