Et, très vite, l’idée d’en tirer un documentaire s’est imposé à lui, sous une forme de tragi-comédie comme il le souligne : « Une boîte à parole sans décor, la lumière braquée sur les visages, un jeu à double voix, une mère et son fils parlant à bâtons rompus. »
Ce choix théâtral permet de ressentir la force brute des propos car ces deux-là sont capables de passer d’une relation presque tendre à de vrais accès de colère. « Je t’aime » est la phrase que je n’ai jamais dite à ma mère, ni écrite » dit Noël Herpe au détour de ces prises où l’on sent, malgré les tensions, le lien invisible et profond qui unit cette mère fantasque et son fils. « Je le porte comme il me porte », dit-elle à un moment. Derrière cet amour profond, se cache aussi le solitude profonde d’un homme qui n’est pas parvenu à trouver un vrai amour. Noël Herpe dit justement en évoquant Rohmer : « Le thème de central chez lui d’un jeune homme ou d’une jeune femme qui n’arrivent pas à trouver l’âme sœur, c’est ma vie. »
L’opus peut surprendre, voire déranger car il nous plonge, sans aucun voyeurisme, au cœur d’une relation infiniment complexe, ou « je t’aime » rime en permanence avec « moi, non plus« , par le truchement de la « simple » parole. Un film original.
