Pour porter le discours, toujours source d’ambiguïté, sur une professionnelle du sexe qui opte pour ce mode de vie et de rémunération, et qui entretient parfois d’étranges relations avec ses « clients », Cécile Ducrocq a pu s’appuyer sur Laure Calamy dont on connaît la capacité à se glisser avec fougue et finesse dans tous les personnages. Même dans les scènes dures de l’hôtel de passe en Allemagne, Laure Calamy sait garder une certaine dignité, ne s’abaisse jamais. Et le directeur de la photographie Noé Bach a fait un travail de lumière subtil pour permettre aux scènes les plus sombres de ne jamais tomber dans le glauque. Et faire évoluer cette femme dans un univers sombre sans qu’elle ne semble jamais un fantôme du sexe.
On peut trouver que l’opus est plus construit sur une suite de zooms sur ce métier – certaines séquences dont les celles avec le travelo sont d’une grande justesse- que sur une structure narrative plus tenue, on peut juger partiale cette « lecture » de la prostitution, mais Une femme du monde est un film ni banal, ni caricatural.
Le combat de Marie, sa volonté de permettre à son fils de vivre de sa passion pour la cuisine, offre in fine un beau portrait de femme debout. Et ce, malgré l’ambiguïté du thème choisi qui a, au demeurant, le mérite de dénoncer l’hypocrisie de certaines décisions politiques et de montrer une certaine misère sociale. A noter la belle partition signée Nissim Renard, un jeune comédien à suivre.
