Allant à leur rencontre, avec une caméra aussi présente que non envahissante, Claus Drexel leur fait parler de leur parcours, de la typologie de leurs clients, des risques aussi. Et il réussit le petit miracle sur un sujet casse-gueule de signer un documentaire qui est tout sauf voyeuriste et qui déborde d’humanité. Sans avoir la prétention de dresser je-ne-sais quel tableau sociologique de la prostitution, sans jouer ni au juge ni au père-la-pudeur, il nous fait partager des tranches d’humanité en racontant toute la diversité de ces vies en marge. En marge aussi d’une des plus grandes capitales du monde…
Il le fait dans un format cinématographique en rythmant ses rencontres au fil des saisons et en filmant ce bois comme un décor de théâtre : les plans sont superbes et les travestis qui y passent offrent des cadrages étonnants. On se souvient alors qu’un Francis Bacon a fait des portraits plein de lumières de cabossés de la vie.
Ce « beau » film porte un regard pertinent et tendre sur un monde de la nuit, trop souvent objet de caricature.
