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LE DIABLE N’EXISTE PAS, de Mohammad Rasoulof – 2h32


Avec Ehsan Mirhosseini, Kaveh Ahangar, Baran Rasoulof
– Sortie : mercredi 1er décembre 2021 –
– Mon avis : 5 sur 5
Le pitch ?
Iran, de nos jours. Heshmat est un mari et un père exemplaire mais nul ne sait où il va tous les matins. Pouya, jeune conscrit, ne peut se résoudre à tuer un homme comme on lui ordonne de le faire. Javad, venu demander sa bien-aimée en mariage, est soudain prisonnier d’un dilemme cornélien. Bharam, médecin interdit d’exercer, a enfin décidé de révéler à sa nièce le secret de toute une vie. Ces quatre récits sont inexorablement liés. Dans un régime despotique où la peine de mort existe encore, des hommes et des femmes se battent pour affirmer leur liberté.
3 raisons d’y aller ?
Une vision politique de l’Iran. À travers quatre histoires, quatre destins, Mohammad Rasoulof signe, avec un ton d’une étonnante liberté alors qu’il est menacé dans son pays avec une condamnation de prison toujours en suspens, un portrait à charge d’un Iran où la peine de mort s’appliquer sans véritable frein et où hommes et femmes doivent se battre pour défendre la moindre parcelle de liberté.
Pour le cinéaste, opter pour un scénario construit sur quatre histoires partageant un thème commun avait un mérite : celui d’éviter les pièges de la censure. Il souligne : « En effet, plus un tournage est court, moins la censure s’y intéresse donc moins le risque est grand de se faire prendre. J’ai donc commencé à réfléchir à plusieurs histoires. Leur thématique commune s’est vite imposée à moi : la façon dont on assume la responsabilité de ses actes dans un contexte totalitaire. Résister aux injonctions totalitaires est une idée séduisante, mais elle a un coût. Cela entraîne le renoncement à de nombreux aspects de la vie et parfois la réprobation de vos semblables. J’ai voulu créer des personnages fiers d’avoir eu la force de désobéir, qui en assument les conséquences. Malgré tout ce qu’ils ont perdu, ils restent conformes à leur propre exigence morale. » En passant d’une plongée à la prison, façon grand film américain, au drame familial via une passion amoureuse sur fond d’exécution, ces quatre purs thrillers embarquent le spectateur dans une vie aux allures de cauchemar et où il faut un courage fou pour ne pas abdiquer tout sens moral. Et sur ce plan là, le cinéaste iranien n’est pas en reste…mais qui a dû mettre sa famille à l’abri à l’étranger pour ne pas prendre trop de risques.
