Un film poignant sur l’avortement

La description d’une pratique d’un autre temps. À une époque où des esprits réactionnaires tentent de remettre en cause la liberté d’avorter (au demeurant légalement encadré), le film a le mérite de ne pas occulter les pratiques subies par les femmes avant la loi Veil. Dans l’appartement de la « faiseuse d’anges » (Anna Mouglalis est glaçante de vérité), la caméra d’Audrey Diwan montre la réalité brutale, en suggérant bien des détails ce qui renforce le côté insoutenable de la séance (avec les aiguilles, la sonde…) À travers ces plans fugaces, filmés dans une lumière crépusculaire, on mesure à quel point le corps des femmes étaient soumis à des actes venus d’un autre âge, prenant bien des risques pour leur santé. D’une justesse absolue, cette histoire vous tient en alerte du début à la fin.

Un casting du tonnerre. On ne peut être que bluffé par la prestation de la jeune Anamaria Vartolomei qui, à 22 ans, fait preuve d’une étonnante maturité dans la manière de porter ce rôle fort et dérangeant. Elle a la capacité d’exprimer une grande palette d’émotions. Et aussi bien du côté des jeunes actrices l’entourant dans cette épreuve que des adultes, il n’y a aucune fausse note dans la distribution qui est mise au service d’un drame montrant la réalité de l’avortement il y a à peine soixante ans en France.

À défaut d’avoir déjà trouvé son public, L’Évènement a déjà marqué les festivals. Lion d’or à Venise, ce drame a reçu deux prix au Festival international film international de Saint-Jean-de-Luz : le Grand Prix du jury et le Prix de la critique. Une œuvre très forte et qui marquera, c’est sûr, la programmation cinématographique 2021.

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