Cinéma-Actualités
L’ÉVÈNEMENT, d’Audrey Diwan – 1h40
Avec Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Luàna Bajrami, Sandrine Bonnaire, Anna Mouglalis
– Sortie : mercredi 24 novembre 2021 –
Mon avis : 5 sur 5
Le pitch ?
C’est l’histoire d’Anne, très jeune femme qui décide d’avorter afin de finir ses études et d’échapper au destin social de sa famille prolétaire. L’histoire de la France en 1963, d’une société qui condamne le désir des femmes, et le sexe en général. Une histoire simple et dure retraçant le chemin de qui décide d’agir contre la loi. Anne a peu de temps devant elle, les examens approchent, son ventre s’arrondit…
3 raisons d’aller voir ce film ?
Une plongée dans les années 60. En découvrant le scénario tiré du roman d’Annie Ernaux, on a l’impression de plonger dans une époque lointaine. Et pourtant, c’était hier. C’était hier, et la situation des jeunes femmes qui attendaient un bébé indésirée était catastrophique surtout quand, comme pour Anne, cette grossesse risquait d’interrompre des études lui permettant d’échapper à son milieu social, celui de petits commerçants pauvres et besogneux. Le talent d’Audrey Diwan c’est de suivre le parcours périlleux d’Anne, sans jouer sur la fibre du mélo, sans juger. De fait, le mot même « avortement » n’est jamais prononcé dans le film, comme pour symboliser à quel point il était tabou à l’époque dans le vocabulaire courant.
De fait, Anne est entourée par des parents aimants – Sandrine Bonnaire est magnifique dans les quelques séquences où elle apparaît – et qui veillent sur le bonheur de leur fille faisant des études prometteuses en lui sacrifiant tout. Évoquant son émotion à la lecture du livre, Audrey Diwan note : « J’ai d’abord pensé au corps de cette jeune femme, ce qu’il avait dû traverser à compter du moment où on lui annonçait qu’elle était enceinte. Et le dilemme auquel elle se trouvait alors confrontée : avorter en risquant sa vie ou y renoncer et sacrifier son avenir. Le corps ou l’esprit. Je n’aurais pas aimé avoir à choisir. » Pour une jeune fille issue d’un milieu modeste et provincial, c’est une épreuve encore plus pénible à affronter, ne serait-ce que sur un plan financier quand on a décidé de monter faire des études à la Capitale.


