Une fille face au patriarcat

Et pourtant, on sent que ses parents sont très aimants mais, même sa mère a beaucoup de mal à échapper à la chape des traditions ancestrales et multiplie les dîners destinés à marier sa fille unique. Et l’on sent le père perdu quand sa femme décide de reprendre son métier de gynécologue à Alger, en pleine époque de la crise du FIS et d’un climat de guerre civile.

Du côté des étudiants, on mesure aussi la veulerie de ces jeunes nourris de l’atmosphère des écoles de commerce et la séquence du bizutage en dit long aussi sur notre société et sur le poids du groupe, des simagrées sociales d’attachement au collectif. Derrière la douceur du titre du film, évoquant une pâtisserie orientale, se cache en fait une vraie violence.

Outre Amira Casar qui campe à merveille cette bourgeoise algérienne effarée par la liberté de sa fille, qu’elle chérit au demeurant – on a parfois l’impression qu’elle l’envie- Zoé Adjani signe une composition d’une grande force sans jamais forcer le trait. Elle souligne : « Je me sens proche de Selma dans le fait de s’assumer dans tout ce qu’on est : que ce soit dans la virginité ou dans son désir, aussi grand puisse-t-il être. Dans tout cela, je me reconnais également. Dans la peur d’être jugée sur son apparence et ses appétits charnels, je me reconnais également. »

Un premier film qui, derrière une simple histoire de famille (aimante au demeurant) en dit beaucoup, en se plaçant du point de vue de Selma, sur le poids des traditions et des conventions.

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