Ce doc est aussi une plongée réussi dans l’univers du journalisme et de ceux d’entre eux qui font, malgré les menaces et les pressions, de vrais enquête. Ainsi Cātātlin Tolontan, rédacteur en chef du quotidien, n’a de cesse avec ses collègues Mirela Neag et Rāzvan Lutac, de dénoncer un système de santé gangréné par la corruption et dans lequel une entreprise peut fournir des désinfectants dégradés qui, finalement, conduisent les brûlés graves à faire des infections nosocomiales qui les emportent.
Ce film à charge rend aussi hommage à la première lanceuse d’alerte de Roumanie, le docteur Camelia Roiu, celle qui a révélé la vérité sur la mort des victimes de l’incendie. Alexander Nanau ajoute : « Alors que je prenais conscience que ma vie aussi pouvait être frappée d’une telle tragédie, j’ai ressenti le besoin de comprendre, d’approfondir et de saisir ce qui avait été dissimulé. »
Avec des moments émouvants, mais sans tomber dans le moindre racolage -lorsque des parents des victimes témoignent du manque et de leur colère – ce documentaire est le compte-rendu minutieux d’une enquête au parfum de souffre dans une Roumanie aux mœurs politiques corrompus. Et où pourtant, le nouveau ministre de la Santé, nommé après le scandale, Vlad Voiculescu, a permis au réalisateur d’avoir un accès inédit à son ministère. L’Affaire collective est un documentaire d’une grande puissance. Pour la petite histoire, Mihai Grecea, ingénieur du son du film, est lui-même un survivant du drame.
