Homme aux mille vies et artiste tout-terrain, ne séparant pas la musique savante et la musique dite populaire, Theodorakis a aussi bien composé de la musique de chambre, de la musique de ballet que des chansons. En France, c’est Georges Moustaki qui lui rendit hommage en adaptant des chansons comme Nous sommes deux, dédiée aux prisonniers politiques.

Créateur à Paris du Conseil national de la Résistance (EAS), il n’avait jamais baissé la garde devant les dictateurs de tout acabit et avait notamment composé en 1971 sa version du Canto General, de Pablo Neruda, autre Prix Nobel de littérature. Jusqu’à la fin de sa vie, il n’a cessé de prendre position sur les évènements de l’actualité : que ce soit les bombardements de Belgrade et de la Serbie ou la guerre d’Irak, orchestrée par George W. Bush. En mai 2011, il avait encore lancé un appel aux peuples européens et s’était élevé contre le « modèle économique » appliqué en Grèce par le FMI, l’UE et le gouvernement Papandréou. Il l’avait ainsi conclu : « « Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. Bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère, pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et de son esprit. Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »

S’il fut souvent au cœur de polémiques, notamment pour ses propos contre la politique menée par Israël, Mikis Theodorakis restera dans les mémoires comme un grand artiste qui s’est toujours battu pour défendre la liberté des peuples. Et son œuvre prolifique est entrée au patrimoine culturel mondial.