Pour le grand public, le nom de Mikis Theodorakis reste lié à la musique du film Zorba le Grec. Mais, ce compositeur, disparu à l’âge de 96 ans, force de la nature, fut, durant toute sa vie, du côté des opprimés. Et il incarna la plus farouche opposition à la dictature des colonels de triste mémoire.
Résistant de la première heure à le dictature de colonels, Mikis Theodorakis avait marqué l’écran de la danse envoûtante de Zorba le Grec, de Michael Cacoyannis, en 1964. Et la silhouette d’Anthony Quinn rythmant de son corps cette mélodie reste à jamais gravée dans nos mémoires de cinéphiles. Grâce à sa musique, la danse du sirtaki, créée pour l’occasion, est devenue populaire dans le monde entier.
Il avait aussi composé une autre BO célèbre : celle de Z, avec Yves Montand, une charge de Costa Gavras contre la dictature des colonels après leur coup d’état en Grèce en 1967. Le compositeur inspiré avait payé le prix fort son opposition : il avait été arrêté et sa musique interdite. En 1970, il avait fallu une pression internationale pour qu’il soit relâché et s’exile à Paris où il fut accueilli par Melina Merkouri. L’armée locale n’était sûrement pas sensible aux créations de ce compositeur à la silhouette massive et à la tignasse en bataille qui avait, dès 1960, avec Éphiphanie, sur un texte de Georges Seferis, inauguré la mise en musique de grands poèmes.
Ce n’est qu’en 1974, avec le retour à la démocratie que Theodorakis avait pu rentrer dans son pays. Député du parti communiste, de 1981 à 1986, il fut aussi ministre sans portefeuille dans le gouvernement conservateur de Constantin Mitsotakis, de 1990 à 1992. Ce qui lui occasionna bien des critiques.

