Patrimoine
L’APPEL DE LA FORÊT, de William A. Wellman – 1h31
Avec Clark Gable, Loretta Young, Jack Oarie
– Sortie : 1935 –
Connu pour ses westerns plein de souffle (La Ville abandonnée) ou des films de guerre (Les Forçats de la gloire), William A. Wellman s’attaquait là à un classique du film d’aventures, inspiré du classique de Jack London.
Le pitch ? Les aventures de Buck, chien de traîneau dans le Grand Nord, hanté par l’appel de la forêt et son désir de retourner à la vie sauvage alors que la fièvre de l’or rassemble des centaines d’aventuriers qui rêvent de faire rapidement fortune…
Alternant les scènes de ville – dans les bars enfumés ou les rues grouillantes de chercheurs de tout bord- William A. Wellman signe un film d’aventures classique mais doté de bien des moyens qui fut tourné en partie en studio. Tous les ingrédients sont là : l’Alaska, une nature hostile, des hommes bruts de décoffrage et, bien sûr, des chiens taillés pour la route. Le rêve, la folie, le danger… et le regard de la belle jeune fille sauvé du naufrage glacé.
Contrairement au roman, où l’aventure est vécue à travers le regard du chien, le réalisateur opte ici pour un traitement classique où l’homme reprend la main. Clark Gable est déjà impeccable dans la peau de cet aventurier, qui boit sec et affiche une résistance exceptionnelle. Face à lui Loretta Young apporte une touche glamour même si son look souvent impeccable, surtout au réveil prêt du feu de camp, peut parfois faire sourire. Mais, ce sont les inévitables tendances du film grand public de cette époque. D’autant plus que l’histoire ne manque pas de quelques séquences en décors naturels (dans l’état de Washington) où la violence des éléments (tempête de neige, rapides, boue, pluies diluviennes) témoigne de la faiblesse des hommes. Il y a quelques moments marquants dans ce film notamment le pari où Buck doit, sous les cris des parieurs déchaînés, parvenir à traîner un lourd traineau pour ne pas finir dans les mains de l’adversaire personnel de son maître.
Quand on revoit cet Appel de la forêt, on ne peut qu’être étonné de savoir qu’il fut amputé de dix minutes par la censure lors de sa sortie. Comme quoi, les esprits étriqués frappent sans discernement… Pour l’anecdote, les deux principaux comédiens vécurent une liaison sur le tournage et, quelques mois plus tard, Judy Lewis est née… Clark Gable étant marié, les deux acteurs ayant une clause de moralité dans leur contrat, Loretta Young a prétendu avoir adopté un bébé abandonné : dans les années quatre-vingt, Judy Lewis a révélé ses vraies origines dans ses mémoires. Décidément, l’aventure ne connaît pas de frontières.


