Des visées… nocturnes

IL N’Y AURA PLUS DE NUIT, de Éléonore Weber – 1h15

Documentaire

Sortie : mercredi 16 juin 2021

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Des images provenant d’hélicoptères. Nous sommes en Afghanistan, en Irak, en Syrie… L’intervention a lieu sous nos yeux. Celui qui filme est également celui qui tue.

Ce qui touche dans ce doc ?

Porté par la voix chaude et la diction impeccable de Nathalie Richard, ce documentaire nous fait passer derrière le miroir et découvrir l’univers à travers ces visées nocturnes sur des terrains de conflit lointain. Soudain, on plonge dans une sortie de jeu-vidéo grandeur nature (on est dans l’univers d’un Call of Duty) où la cinéaste décrit le dispositif cinématographique conçu par et pour les militaires sur le terrain. On est dans un univers déshumanisé en diable ou, lorsqu’une cible est touchée, il s’agit d’une silhouette en forme de fourmi. On est loin de l’humain visuellement et pourtant…

De manière très subtile, la cinéaste nous donne à voir une réalité en nous interrogeant sur notre rapport à la violence, car elle nous place en situation de voyeurs, habitués que nous sommes, par écrans multiples interposés, à « consommer » des images violentes. On nous a même habitués à ce concert débile de « guerre propre » qui laisse supposer que, seules des cibles sont atteintes, et que l’adversaire n’a, in fine, plus rien d’humain. En découvrant ces images, la puissance de feu, qui peut être colossale et jaillit en une fraction de seconde, nous ramène à la dure réalité d’un combat.

La question sur le regard et la vue posée dans ce documentaire est aussi forte que dérangeante. Ou la frontière entre jour et nuit semble abolie comme si l’on vivait dans un étrange cauchemar. Au demeurant, si la guerre devient digitalisée, les victimes n’en sont pas moins humaines comme le laissent supposer certaines séquences. Et que dire de la voix des pilotes et navigants qui commentant, non sans une certaine froideur, ces séquences de combat.

Derrière des vidéos froides et anonymes, des hommes continuent de tirer les ficelles ou de subir les conséquences de ces visées nocturnes. Ces images d’un présent futuriste sont parfois glaçantes. Mais, c’est un documentaire aussi audacieux que fort !

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