143 RUE DU DÉSERT, de Hassen Ferhani – 1h40
Documentaire
Sortie : mercredi 16 juin 2021
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
En plein désert algérien, dans son relais, une femme écrit son Histoire. Elle accueille, pour une cigarette, un café ou des œufs, des routiers, des êtres en errances et des rêves… Elle s’appelle Malika.
Ce qui touche dans ce doc ?
Ce documentaire est l’improbable rencontre entre une caméra et une vieille dame, Malika, qui tient une gargote au cœur du désert algérien. Hassen Ferhani explique comment il a découvert cette femme à la forte personnalité en préparant un road-movie et en voyageant dans le sud de l’Algérie : « Dès que je suis entré chez elle, j’ai su que mon film était là, que c’était « elle », cette dame de 74 ans qui avait décidé d’ouvrir une buvette au milieu du désert. L’idée m’est venue qu’on pouvait faire ici un road-movie inversé. Une idée paradoxale en apparence, car, normalement, c’est quoi un road-movie ? Un film qui se déroule sur une route. Et là, on était dans un endroit qui se trouve sur la route, qui existe par la route, pour la route et pour les routiers. »
En prenant le temps – même si parfois certains plans peuvent sembler longs mais, dans le désert, la notion de durée n’est pas la même- Hassen Ferhani montre comment un lieu paumé de 20 m2 peut en dire beaucoup sur un pays, à travers le visage de cette femme qui a beaucoup vécu et qui use d’une parole libre.
Sans quitter le cadre de cette buvette, sauf pour quelques plans sur le désert alentour et, à la fin, sur la station service qui pourrait concurrencer Malika, le réalisateur parvient à faire un portrait de l’Algérie. Car Malika évoque les tensions religieuses, les relations sociales au cœur de l’Algérie dans ses conversations avec les clients de passage. Parfois, elle ne fait pas mystère de ses doutes comme avec ce pèlerin qui prétend être à la recherche d’un frère disparu…

Par un travail d’écriture, le cinéaste parvient à faire ressentir toutes ces rencontres comme presque captées sur le vif, tant sa caméra semble toujours placée au bon endroit. Ainsi dans la séquence avec la motarde allemande qui est un des premiers moments où Malika évoque indirectement sa vie et sa solitude.
Avec une buvette qui laisse voir l’état de l’Algérie, Hassen Ferhani signe un documentaire qui, malgré une forme de monotonie, possède une indéniable force de témoignage.

