Cinéma
LE DISCOURS, de Laurent Tirard – 1h28 Avec Benjamin Lavernhe, Sara Giraudeau, Kyan Khojandi, Julia Piaton, François Morel

Sortie : mercredi 9 juin 2021
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Coincé à un repas de famille qui lui donne des envies de meurtre, Adrien attend. Il attend que Sonia réponde à son sms et mette fin à la « pause » qu’elle lui fait subir depuis un mois. Et voilà que Ludo, son futur beau-frère, lui demande de faire un « petit » discours pour le mariage ! Adrien panique. Mais si ce discours était finalement la meilleure chose qui puisse lui arriver ?
Et alors ?
En adaptant le roman éponyme de Fab Caro, Laurent Tirard a fait le pari d’un film personnel et original. Pour restituer un tel univers et un livre écrit de manière chaotique puisqu’elle jaillit de la tête d’Adrien, le cinéaste a voulu aussi jouer le désordre. Il explique : « J’ai d’abord disséqué le roman de manière très méthodique, en résumant chaque moment sur des bristols. Puis j’ai mélangé les bristols en obéissant à mon instinct, en commençant, par exemple, par une anecdote qui est au milieu du bouquin, en sacrifiant aussi des moments que, pourtant, j’aimais… Généralement, je mets entre six et huit mois pour écrire un scénario, mais, cette fois, une fois mon puzzle de bristols composé sur mon mur, je l’ai écrit en deux mois seulement »
Le cinéaste a eu la main heureuse en s’entourant d’une bande de comédiens impeccables, Benjamin Lavernhe qui est quasiment de tous les plans du film et dont le métier parle à chaque plan passant avec brio de monologues en dialogues tout au long du récit. Avec François Morel en vis-à-vis, on a la chance d’avoir deux personnages qui peuvent tirer partie de la moindre loufoquerie, sans en faire des tonnes, mieux en glissant parfois une dose de poésie et d’inattendue.
Le talent des comédiens s’exprimer pleinement dans les séquences où Adrien, dans la grande tradition des films comiques américains, se tourne pour parler face à la caméra en plein au milieu d’une conversation. Laurent Tirard a pu éviter la post-synchro en s’appuyant sur le sens du jeu de ses acteurs. Il souligne : « Nous avons fait des essais avec des perchmans autour de la table pour voir jusqu’à quel point les quatre acteurs pouvaient continuer leur conversation en baissant le ton pendant que Benjamin, lui, parlait à la caméra. Et c’est fou comme ils ont chopé le truc ! Ils étaient capables de détimbrer légèrement leur voix en un clin d’œil. »
Si ce récit sur le chagrin d’amour, le rapport à la famille possède un charme certain, le passage de l’écrit à l’image perd un peu (beaucoup ?) d’inattendu et ressemble parfois à un exercice de style. Immédiatement, on pense à l’univers de films comme Un air de famille et on peut trouver dans Le Discours, un film qui manque de tempo et ne tient que sur la manière juste qu’ont les acteurs de faire « sonner » un dialogue, y compris quand il s’agit de vanter un porte serviette en forme de bite-sapin.
Un film certes loufoque mais, finalement, décevant.

