Patrimoine
ENFERMÉS DEHORS, de Albert Dupontel – 1h28
Avec Albert Dupontel, Claude Perron, Nicolas Marié
– Sortie : 2005 –
Alors que son savoureux dernier film, Adieu les cons, est l’évènement de cette réouverture tant attendue des salles de cinéma, il est toujours plaisant de replonger dans l’univers plus ancien de Albert Dupontel qui fait partie de ces cinéastes qui, malgré quelques inévitables ratés, affichent un coup de griffe dès les premières séquences. Chez lui, il y a en prime, ce goût pour des personnages, sinon baroques, du moins déglingués. La preuve avec cet Enfermés dehors, fable politico-sociale qui épinglait déjà la misère dans laquelle tout un pan de la société française basculait. Et nous étions en 2005.
L’histoire ? Un SDF trouve un uniforme de flic qui vient de se suicider en sautant d’un pont et le met pour manger dans les cantines de police… De faire d’un SDF déjanté un flic justicier : il fallait Dupontel pour l’oser ! Sorte de Robin des bois modernes, ce SDF va tenter de réparer les injustices sociales que vivent les pauvres de son quartier qui n’ont qu’une simple préoccupation : bouffer à leur faim !
Après une longue absence – son film Le Créateur remontait à 1998 – le cinéaste avait eu l’idée du scénario sur une forme de coup de tête. Il racontait : « Le « pitch » m’est venu un soir où je songeais à me venger du monde extérieur (c’est à dire un peu tous les soirs). Ensuite, j’ai cherché comment le raconter et l’aspect « cartoon social » m’a paru de bon aloi et voilà ! »
Optant clairement pour une espèce de bande dessinée filmée, Dupontel joue ici sur les axes les plus improbables et se régale à cadrer les trombines de sa cour des miracles avec des focales outrancières et avec des points de vue souvent improbables. Il y a aussi clairement dans ce récit un clin d’œil à l’univers élastique des personnages de Chaplin et de Buster Keaton qui, eux aussi, ont donné à voir les sans-grades. Un coup de griffe que l’on retrouve depuis dans tous ses films.

