La renaissance de Michel-Ange

MICHEL-ANGE, de Andrei Konchalovsky – 2h16

Alberto Testone, Jakob Dient, Francesco Gaudiello

Sortie (reprise) : mercredi 19 mai 2021

Mon avis : 5 sur 5

Le pitch ?

Michel Ange à travers les moments d’angoisse et d’extase de son génie créatif, tandis que deux familles nobles rivales se disputent sa loyauté.

Ce qui touche dans le film ?

Ce n’est pas un  biopic des familles. Il ne s’agit pas ici d’une banale biographie sur un des plus grands artistes de la Renaissance dont la vie a été largement documentée, d’un scénario déroulant la vie d’un génie, évoquant son homosexualité…. Cinquante ans après avoir signé le scénario d’un des bijoux du cinéma russe, le flamboyant Andreï Roublev, signé Tarkovski, Andrei Konchalovsky retourne aux sources de l’art pour décrire les rapports tourmentés entre Michel-Ange et la Renaissance avec, au cœur du récit, la rivalité entre deux puissantes familles : les Della Rovere et les Médicis, deux commanditaires qui font la pluie et le beau temps au Vatican et de déchirent. Et, bien sûr, au milieu de cette guerre de clan, il y a Michelangelo Buonarroti, figure incontestée et jalousie de l’art du XVI° siècle. Michel-Ange, un homme son temps, qui vit  au rythme de ses superstitions, ses exaltations, son mysticisme et sa foi.

Une recréation de la Renaissance. Avec un tel angle d’attaque, Konchalovsky fait revivre la Renaissance et la Toscane en des séquences qui sont autant de tableaux d’un grand raffinement : à chaque plan, on sent presque vibrer les paysages, on ressent les odeurs de la campagne comme celles de la transpiration. Tout comme on perçoit les rivalités quotidiennes entre artistes qui se connaissent, se croisent, se jalousent, comme le montre la figure d’un Raphaël. Commentaires du cinéaste : « Je voulais montrer non seulement l’essence de Michel-Ange, mais également les couleurs, les odeurs et les saveurs de son époque, sanglante et cruelle mais belle et inspirée.

Michel-Ange se mesure à la nature

La poésie du film provient de l’entrelacement de la barbarie, omniprésente à l’époque, et de la capacité de l’œil humain à capturer l’éternelle beauté du monde et de l’humanité, qui devrait être transmise aux générations à venir. » L’Italie ayant préservé son patrimoine, le cinéaste, même s’il n’a pu tourner à Florence, a pu poser ses caméras à Arezzo, Montepulciano et dans plusieurs petites villes de Toscane dont les bâtiments avaient été construits sur le modèle architectural des Médicis. 
Dans ce décor, évolue un Michel-Ange survolté, capable de soulever les montagnes de Carrare pour y décrocher « le monstre », un énorme bloc de marbre, ce qui offre au film une séquence mémorable, où le souffle de l’Histoire passe.

Un acteur mystérieux. C’est Alberto Testone, acteur et scénariste, qui a lourde tache d’incarner un artiste aussi impulsif que mystique, capable de s’enivrer sans retenue comme de travailler tout son saoul, comme habité par cet art qui le consume. On ne peut qu’être étonné par sa ressemblance avec l’artiste, et, en prime, ce comédien fait passer aussi bien le côté survolté du créateur que ses penchants mélancoliques. Un artiste qui disait comme le souligne le dossier de presse : « Je préfère ne rien entendre et ne rien voir : le silence est mon ami. »

Une fois encore, Konchalovsky parvient à plonger le spectateur dans une fresque historique : certains pourront y voir des résonances avec la vie politique actuelle où si la censure n’est pas toujours frontale, elle existe pourtant bel et bien… En tout cas, derrière une apparente simplicité de vie, le cinéaste russe parvient, haut-la-main, à nous faire ressentir les douleurs de la création même si le cinéaste prend quelques libertés avec la vérité biographique.

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