SLALOM, de Charlène Favier – 1h32
Avec Noée Abita, Jérémie Renier
Sortie : mercredi 19 mai 2021
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Lyz, 15 ans, vient d’intégrer une prestigieuse section ski-études du lycée de Bourg-Saint-Maurice. Fred, ex-champion et désormais entraîneur, décide de tout miser sur sa nouvelle recrue. Galvanisée par son soutien, Lyz s’investit à corps perdu, physiquement et émotionnellement. Elle enchaîne les succès mais bascule rapidement sous l’emprise absolue de Fred…
Et alors ?
Bénéficiant du label Cannes 2020, ayant été présenté au dernier Festival de Deauville, ce drame de Charlène Favier bénéficie d’une belle exposition, renforcée par la triste caisse de résonance de l’actualité et d’un certain nombre de harcèlements dévoilés dans le milieu du sport de haut niveau. En prime, la réalisatrice ne cache pas que l’histoire la touche de près. Elle déclare : « À l’adolescence, j’ai subi des violences sexuelles dans le milieu du sport. Comme beaucoup de victimes, j’ai intériorisé pendant de nombreuses années. J’ai construit ma vie professionnelle autour de la création et je me suis épanouie à travers la photographie, le dessin, le théâtre et le cinéma. Je n’avais jamais pensé que mon premier long métrage parlerait forcément de ce qui était enfoui au plus profond de moi. Pourtant, la nécessité de dénonciation a fait son chemin pour finalement échouer sur les bancs de la FÉMIS où j’ai écrit les premières lignes de ce scénario. »
Un scénario qui frappe là où ça fait mal et qui montre comment l’emprise graduelle du coach sur sa skieuse conduit au pire et à cette domination aussi violente que malsaine. À cet égard, Slalom est
un film courageux qui ose décrire la réalité en montrant toutes les fissures des protagonistes. Et face à Jérémie Renier, égal à lui-même, Noée Abita surprend par la profondeur de son jeu et la richesse de ses expressions, permettant de camper la manière dont la jeune championne ne parvient pas à échapper à ce prédateur.
Mais, les belles idées ne font pas forcément les meilleurs films et si Charlène Favier sait filmer avec un vrai souffle les scènes de compétition, elle se perd – et nous perd aussi – par des plans qui n’en finissent plus sur tels décors de la station, tel plan de montagne, de remontée mécanique…
Alors certes ce film engagé pour dénoncer les violences faites aux femmes a le mérite de sortir sur les écrans. Pour autant, il manque à la mise en scène, et parfois aux dialogues, un peu plus de souffle pour nous impliquer davantage. In fine, l’opus manque vraiment de rythme.
