Eric Von Stroheim impérial

Muet

MARIS AVEUGLES, de Eric Von Stroheim – 1h08

Avec Erich Von Stroheim, Francelia Billington, San de Grasse

Sortie : 1919 –

Pour son premier film comme réalisateur, Eric Von Stroheim conjugue l’amour et… l’altitude. Ce drame amoureux repose sur un scénario classique. Dans les Alpes, Dans un village du Tyrol, un lieutenant autrichien essaie de séduire la femme d’un chirurgien américain, Robert Armstrong. Celui-ci ne remarque pas immédiatement l’intérêt, pourtant flagrant, du lieutenant pour son épouse. Éprouvant enfin quelques soupçons, il propose au séducteur de l’accompagner en montagne.

Excédé par la médiocrité de beaucoup de productions,Stroheim a mis des mois à convaincre le producteur des studio Universal Carl Lemmle de lui confier la réalisation de son premier film. Il y glisse déjà quelques thèmes qui lui sont chers et propose une étude clinique de la crise d’un couple avec un mari qui ne fait attention à son épouse délaissée : dès une des premières séquences, il le signifie en le montrant dans la voiture lisant le journal sans prendre le temps de répondre à une question banale qu’elle lui pose. Par un jeu de regards, certain gros plan, Stroheim le signifie sans surligner le trait. Et il sait d’un plan créer une atmosphère : ainsi le premier plan sur le lieutenant saisit juste la main gantée posée sur la garde d’un sabre de cavalerie. En une image, tout est dit.

Eric Von Stroheim s’est aussi donné un rôle sur mesure et, il campe avec la rigueur toute germanique qu’il affectionne cet officier qui est un séducteur insatiable, capable de multiplier les bons mots pour parvenir à ses fins : la séquence dans la montage au pied des crucifix, où l’arrivée du guide vient mettre un terme à ses tentatives, résume magnifiquement la situation. Un homme qui, outre la passion des femmes, cultive le goût pour la musique et peut venir improviser au violon pour séduire sa proie.

Usant des décors montagneux magnifiques, Stroheim signe ici un premier opus qui, sans avoir le souffle des Rapaces, son chef d’œuvre, qu’il tournera en 1923, ne manque pas de cachet et résume bien une forme de misanthropie de cet artiste hors pair.

Pour découvrir le film :

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