Le fer dans la plaie

Patrimoine

CAPITAINE ALATRISTE, de Agustin Diaz Yanes – 2h25

L’affiche du film

Avec Viggo Mortensen, Unax Ugalde, Elena Anaya , Eduardo Noriega

– Sortie : 2008 –

Adapté des cinq romans d’aventures de Arturo Perez-Reverte (coscénariste du film avec le réalisateur), ce Capitaine Alastriste lorgne délibérément vers l’univers d’un Alexandre Dumas avec cette histoire faite de duels, de batailles et d’amours contrariés. L’histoire se déroule dans l’Espagne impériale du XVIIe siècle, entre 1622 et 1643, sous le règne de Philippe IV, avant-dernier roi de la Maison d’Autriche.

Philippe IV est un monarque faible et facilement manipulable, dominé par une Cour corrompue, agitée par les intrigues orchestrées par le très influent comte-duc Olivares. L’Empire espagnol décline lentement. La société souffre de ses nombreuses contradictions. Le luxe et l’opulence de l’aristocratie coexistent avec la misère et la vulnérabilité du peuple. Ce monde déclinant est le théâtre des aventures de Diego Alatriste, fier soldat au service de Sa Majesté dans les Flandres, et mercenaire à Madrid et Séville en temps de paix.

Pour signer cette adaptation de la saga Alatriste, Agustin Diaz Yanes n’a lésiné ni sur les moyens, ni sur la distribution et les aventures de ce mercenaire et fine lame dans l’Europe en armes de ce milieu du XVIIe siècle ne manquent pas de souffle, que ce soit dans les reconstitutions de combat – le jeu de lances dans la bataille de Rocroi est spectaculaire à souhait – que dans les duels où les lourdes rapières et les dagues virevoltent.

« Ce n’était pas l’homme le plus honnête, ni le plus pieux, mais c’était un homme courageux. Il s’appelait Diego Alatriste » : telle est l’ouverture du premier volume signé Arturo Perez-Reverte qui avait expliqué à l’époque pourquoi il avait lancé cette saga : «  »J’ai écrit ces livres pour expliquer notre histoire à la génération de ma fille. Les enfants d’aujourd’hui sont privés de leur mémoire. Ce pays est tellement déconcertant… » Pour camper l’anti-héros du film, grand bretteur désargenté, le réalisateur a fait appel à Viggo Mortensen, qui signe ici une partition impeccable, passant d’une vraie décontraction à des accès de violence. Et il est fort bien entouré, notamment pas un grand acteur de la trempe de Eduardo Noriega.

Le capitaine Alatriste au cœur de la bataille de Rocroi

Si tout n’est pas toujours limpide dans le récit – on a plus le sentiment de sauter d’une intrigue à l’autre que de suivre un scénario construit avec limpidité- ce grand film d’aventures a un autre mérite : offrir des résonances avec le monde actuel et la crise politique permanente . « L’Espagne du XVIIe siècle avait une dimension de confusion et de fausseté qui n’est pas sans rappeler notre époque… » disait, avec justesse, Agustin Diaz Yanes à la sortie du film. Un opus qui ne manque ni de souffle, ni de panache, malgré une histoire un brin confuse…

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