Boris Karloff au cœur de l’Égypte ancienne…

Patrimoine

LA MOMIE, de Karl Freund – 1h10

L’affiche originale

Avec Boris Karloff, Zita Johann, David Manners

Sortie : 1932 –

Avec ce film fantastique, le spectateur fait un plongeon dans le passé. Le pitch ? Dans l’Égypte ancienne, le grand prêtre Imhotep a été enseveli vivant pour avoir volé un manuscrit qui devait ressusciter sa belle. Découvert sous forme de momie par un archéologue, rendu à la vie, il monte une expédition pour retrouver la tombe de sa bien-aimée. Mais celle-ci s’est réincarnée en jeune femme moderne, et il lui faut la conquérir.

Par le jeu des comédiens, encore marqués par le cinéma muet, par une réalisation datée notamment dans l’utilisation un peu systématique de certains gros plans pour accentuer la tension et l’émotion, le film a vieilli mais, il a encore de très beaux restes. Car le cinéaste était une signature connue depuis l’apogée du cinéma muet.

Si Karl Freund signe ici son premier long métrage, il a, derrière lui, une solide carrière comme directeur de la photographie, sur plus de quatre-vingt films et a notamment travaillé avec l’École Expressionniste en Allemagne : il a ainsi signé la photographie du Metropolis, chef d’œuvre de Fritz Lang et il a aussi œuvré sur le Dracula, de Tod Browning. Au début des années 20, Karl Freund a mis au point sa « caméra déchaînée »révolutionnaire, sorte de caméra légère embarquée (sur harnais ou support mobile) et qui permettait les mouvements les plus variés, un engin utilisé en 1924 sur le tournage du Dernier des hommes, de Murnau.

Boris Karloff, un inquiétant pèlerin revenu de la nuit des temps.

Passant à la réalisation, Karl Freund garde sa griffe et réussit des moments forts dans ce récit dramatique, notamment dans le musée du Caire quand Imhotep tente, regardant à travers l’eau d’une vasque comme s’il s’agissait d’un écran, d’abattre par un sort ceux qui se mettent en travers de son chemin. Les scènes extérieures, comme celles où les archéologues découvrent la tombe de la bien-aimée du grand prêtre, obéissent aussi à une chorégraphie précises, non dénuée parfois d’une certaine xénophobie. Et puis, il y a la présence magique de Boris Karloff, devenu, au fil du temps, un des piliers du cinéma fantastique. Le masque qu’il porte au départ était composé de morceaux de boue, de multiples tranches de viande et de collodion. Une invention saisissante qui fut la création de Jack P. Pierce, un maquilleur célèbre.

Avec La Momie, Boris Karloff donne vie à un personnage de monstre qui va marquer le cinéma, au même titre que celui de Dracula ou du Loup-Garou. De fait, ce film connaître quatre autres suites, notamment The Mummy’s hand, en 1940 avec Tom Tyler dans le rôle-titre. Il est vrai, ce thème est tellement fort qu’il permet bien des variations scénaristiques.

Quant à Karl Freund, il allait réaliser un autre film devenu un classique : Les Mains d’Orlac -l’histoire d’un pianiste auquel on greffe les mains d’un tueur – dans lequel un autre monstre sacré du cinéma, Peter Lorre, fait un composition magistrale. Homme d’image, ce cinéaste fut aussi un grand conteur du 7ème Art.

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