14-18 au cœur des tranchées

Patrimoine – TV

LES CROIX DE BOIS, de Raymond Bernard – 1h50

L’affiche originale

Avec Charles Vanel, Pierre Blanchar, Gabriel Gabrio, Antonin Artaud

Sortie : 1931-

Diffusion sur Ciné+ Classic, lundi 19, 20h50

Adaptation du roman éponyme de Roland Dorgelès, Les Croix de bois plonge le spectateur dans le réalisme des tranchées. Le pitch ? Dans la ferveur et l’exaltation du début de la guerre de 14-18, Demachy, encore étudiant, répond à l’appel sous les drapeaux. Il rencontre Sulphart, Bréval, Bouffioux et les autres, autrefois ouvrier, boulanger, cuisinier, désormais unis sous le nom de soldat. Ensemble, ils vont rire, ensemble ils vont se battre, ensemble ils vont perdre espoir, noyés sous une tempête de feu. Dans la brume des tranchées défigurées par les canons, les soldats font face à la cruauté de la vie quotidienne. Tandis que fleurissent les croix de bois sur les tombeaux à ciel ouvert, Demachy finit par perdre ses idéaux…

Utilisant d’anciens poilus comme figurants et tournant sur les lieux mêmes des sanglantes batailles de 14-18, dont le paysage porte toujours trace des blessures subies – le tournage fut souvent interrompu par la découverte d’obus et de corps – Raymond Bernard signe ici une solide adaptation d’un des plus célèbres romans sur la guerre de 14-18. Ses recherches précises sur le son des combats notamment ont nourri sa mise en scène et l’on ne peut qu’être surpris par la qualité sonore d’un film tourné dans les premières années du parlant alors que les micros ne sont pas encore d’une grande fiabilité.

D’un grand réalisme, les scènes de combat n’édulcorent rien du quotidien sordide vécu par les soldats : les poux, le courrier, le ravitaillement, la,mort qui rode, l’alcool généreusement fourni pour oublier ou pour donner du courage avant de partir à l’assaut et de vivre une vraie boucherie… Comme le roman, le film dénonce l’incurie d’un état-major engoncé dans ses certitudes et qui a sacrifié tant d’hommes pour des objectifs des plus chimériques.

Tourner avec des vétérans de 14-18 a été une aide pour les comédiens. « Nous n’avons pas eu besoin de jouer, nous n’avons eu qu’à nous souvenir » a dit Charles Vanel, dont ce fut un des (nombreux) grands films d’une longue carrière. Si le jeu des acteurs date parfois, le film demeure d’une redoutable efficacité dans sa dénonciation de la guerre. On repère aussi dans le rôle du soldat Vieublé un certain Antonin Artaud, poète et acteur maudit s’il en fut.

Un film-témoignage de premier plan sur ce que fut 14-18 pour les soldats anonymes. Rien que la séquence sur la guerre des mines est d’un réalisme étonnant.

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